Newsletter du 2025-02-06

 
  Bonjour à tous

Les légumes «oubliés» sont depuis quelques années déjà un certain trend..
Parmi ces fameux légumes oubliés il y a ceux dont on ne sait pas pourquoi ils se sont retrouvés marginalisés et d’autres pour qui on arrive plus facilement à imaginer une raison (et qui sot parfois toujours oubliés..)

Dans cette catégorie on trouve les Crosnes (se prononce crônes) du Japon .. qui ne viennent pas du Japon mais de Chine et qui furent cultivés dès le 19ème siècle en France, en particulier dans le village du nom de Crosne (qui malgré ses 9000 habitants ne jouit pas précisément d’une réputation internationale).
Les Crosnes du Japon ressemblent à des vers blancs de 2-4 cm de long, ils sont délicieux sautés au beurre, leur culture est (très) facile, ils se multiplient tout seuls, résistent au froid et peuvent rester tout l’hiver dehors … Par contre, dès les premières récoltes, on entrevoit assez rapidement le problème : Si une personne arrive à extraire 2kg/heure de ces petits tubercules de la boue hivernale, il ne chôme pas… Et si le temps est de l’argent, même payé au salaire agricole, le prix des crosnes atteint vite un sommet pour un produit végétal. Et même une fois récolté, le nettoyage reste chronophage et la conservation assez limité. Le Crosne est un légume qui se mérite !

.. et donc il n’y en a pas dans les paniers. Nous en avons toutefois cultivé et invitons ceux qui le désirent à venir s’approvisionner eux-même, ce qui vous permettra de garnir vos assiettes d’une rareté en guise de récompense pour vos efforts.

En en récoltant tout de même pour nos besoins propres, je me disais que tout serait différent si nous n’avions pas aboli l’esclavage… les crosnes (locaux et de saison) ne seraient alors peut-être pas hors de prix et feraient partie des légumes en action dans nos supermarchés.
En poursuivant cette réflexion, on constate qu’il y a pourtant bien des produits agricoles qui ne se récoltent guère plus vite que des crosnes, voire même moins, mais sont pourtant fort populaires : le café ou le cacao p.ex etc. mais aussi des produits non alimentaires que nous ne consommons pas à l’état brut comme le coton ou le cobalt. Tous ces produits ont comme dénominateur commun de provenir de pays où la main d’œuvre coûte finalement moins chère que ce que nous couterait l’entretien d’esclaves dans nos contrées…
Et si l’esclavage n’était pas aboli en Suisse aujourd’hui ? et que nous devions nous prononcer à ce sujet lors de prochaines votations ? Ne nous servirait-on pas l’habituel argumentaire que la Suisse fait déjà mieux que bien d’autres pays, que nos esclaves devraient s’estimer heureux de pouvoir bénéficier du confort d’un pays qui trie aussi bien ses déchets. Ce n’est la Suisse avec ses 0.5 % de la population mondiale qui changerait quelque chose à l’ordre mondial.. Au delà cela ferait augmenter les frais de production, engendrant un renchérissement qui nuirait à la compétitivité de notre économie et forcément aussi à notre pouvoir d’achat, appauvrissant encore d’avantage les classes déjà défavorisées.. et que pour ces diverses raison, il ne fallait pas accepter ce référendum extrémiste.

Enfin, heureusement nous n’avons pas à voter sur ce sujet… nous devrons juste nous prononcer sur le fait si oui ou non, nous devrions nous limiter à consommer notre part des ressources de la planète, sachant que d’autres continueront à climatiser des stades de foot ou se déplacer en jets privés (entre autres pour se rendre à des conférence sur le climat..). Cruel dilemme.

Sachez que le panier de demain ne contient pas de crones mais (je le répète) vous êtes bienvenus pour en ramasser.