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Bonjour à tous
On dirait que l'automne a lancé une première offensive.. ce début de semaine donnait presque envie de remettre en service le chauffage. Mais d'un autre côté la météo se prêtait assez bien à la fabrication de produits transformés. Cette semaine c'était au tour du ketchup .. on poussé jusqu'à extraire l'amidon de la farine locale et en profiter pour faire un peu de Seitan (qui est gros le gluten), exercice intéressant pour notre stagiaire qui suit une formation dans l'agro-alimentaire (partie apparemment non abordée sous cet angle dans le cursus classique de formation en industrie agro-alimentaire).
Parmi les autres expériences de la semaine j'ai réussi à oublier mon téléphone chez ma mère lors de la dernière réunion de famille...
Alors qu'il y a 25 ans (certes, pour certains ca semble la préistoire... ), le téléphone mobile était à peine plus qu'un gadget pour frimeurs, il est aujourd'hui devenu une extension de notre être. Il contient tous nos contacts, notre agenda, nos mots de passe secrets, notre mémoire externe, nous permet de payer, de prendre le bus, de nous connecter à l'internet et nos nouveaux compagnons IA.. il est devenu le trait d'union entre nous et le monde.
.. et pourtant ces quelques jours sans étaient presque des vacances. Pas de bip, ni de sonnerie qui imposent une réactivité presque militaire. Pas de de pensée permanente, "l'ai-je bien sur moi ? quelqu'un pourrait vouloir me joindre". Alors que l'exploitation d'une ferme mélange déjà passablement la vie privée et professionnelle, le téléphone ajoute une couche: des commandes arrivent par Telegram, des factures sur Whatsapp, je ne peux pas me connecter au serveur agate (obligtoire pour les agriculteurs) si je ne peux pas recuperer de code SMS, je ne peux pas faire de virement sans App de connexion, diminuant d'autant notre espace privé virtuel.
Au delà de cet aspect égocentrique, les téléphones mobiles et les connexions permanents aux réseaux sociaux ont changé les rapports entre les personnes. Ils sont une véritable plaie dans les champs, les jeunes qui nous rejoignent en stage ou en version woofing ne les quittent pas d'un cm. Ils sont de la peine à se concentrer sur le travail, interrompu à tout moment par une notification qui doit être lue et traitée instantanément.
Les woofeurs voyagent seuls mais emmènent avec eux leur réseau d'amis (virtuels). Ils/elles ont des ambitions de de futurs influenceur/euses, photographient et filment leur vie, passent les images par des filtres pour transformer le quotidien en story instagram.
Il devient rare que des personnes qui séjournent simultanément à la ferme (et partagent donc la cuisine "du bas") préparent un repas ensemble le soir ou organisent des sorties communes le WE (alors que leur "bucket list" est souvent similaire, dictée par les tendances social media du moment). Bien que chacun soit plus que jamais relié au monde entier, la tendance n'a jamais été autant au "chacun pour soi".
Jamais jusqu'ici, nos repas de midi auront été autant photographiés que cette année.. publiés en haute résolution, visionnés des centaines de fois via les réseaux 3, 4, 5G , sauvegardés sur x serveurs (en plusieurs exemplaires.. c'est une information important qu'il ne faudrait pas perdre) et alimentant les IA insatiables , ils auront au final englouti plus d'énergie à circuler sur les réseaux que ce qu'il en aura coûté pour les préparer.
Le selfie est, semble-t-il, l'emblème narcissique de notre époque actuelle . Le Carpe Diem est passé de mode.
En ce qui concerne mon téléphone, j'ai fini par le recuperer.. mais soit dit entre nous, je n'ai pas encore eu le courge de le rallumer.
Après ces quelques jours, je ne suis pas sure que nous ayons besoin de nous prononcer sur une identité électronique.. concrètement nous n'en sommes clairement pas très loin.
Ceci dit, l'absence du téléphone n'a pas perturbé la croissance, ni la récolte des légumes. C'est plutôt une bonne nouvelle. Non ?
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