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Newsletter du 2024-02-29

 
  Bonjour à tous

Météorologiquement parlant, nous nous situons dans une sorte de limbes entre hiver et printemps. Il ne fait pas vraiment froid, mais le soleil est peu présent et l’humidité reste un problème.
La motivation peine à décoller vraiment et on se contente de suivre ce que la nature impose. Les derniers Pak choi sont donc récoltés, pour le reste pas d’urgence.

Question révolte agricole, c’est un peu pareil, nous continuons à suivre les débats, mais avons un peu de peine à adhérer aux revendications, en particulier lorsqu’il est question de suivre le reste de l’Europe et de lâcher du lest sur les restrictions d’utilisation de pesticides, engrais synthétiques, voire diminuer les mesures en faveur de l’environnent ou du «bien-être» animal.

Sans vouloir mettre en cause le constat évident que la situation actuelle n’est pas du tout satisfaisante, il me semble hélas que le mouvement est parti «à chaud» mais manque d’une vraie réflexion de fond. Si on veut être pris au sérieux, il ne suffit pas de crier plus fort, il faut une ligne directrice claire et cohérente (on dit qu’on devrait retourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler...).
Je ne vais sans doute pas me faire d’amis mais, je crains que les revendications actuelles ne soient ni claires, ni cohérentes.

1) Nous reprochons à l’état d’avoir réduit les agriculteurs au rôle de «jardiniers du paysage»  : Dans la mesure ou la plupart des fermes seraient condamnés sans les aides étatiques, nous sommes, de facto, une sorte d’employés de l’état, mais avec les risques et inconvénients des indépendants et sans les avantages du statut de fonctionnaire. .. et qu’est qu’on demande ? Une augmentation des subsides qui renforcera encore un peu plus cette position ...

2) La grande majorité des paysans votent à droite et soutiennent donc un système capitaliste avec ses implacables lois du marché et de la libre concurrence. Capitalisme et socialisme ont chacun ses avantages et inconvénients. Sans vouloir afficher la moindre orientation envers l’un ou envers l’autre, je pense qu’il faut juste rester cohérent, comprendre la logique du système que l’on souhaite défendre et l’appliquer également à soi-même. Est-ce vraiment crédible de voter à droite et exiger des mesures de gauche ?

3) Nous souhaitons (presque) tous un état fort qui nous garantisse un bon pouvoir d’achat. Pas besoin d’être économiste pour comprendre que les grands distributeurs qui génèrent des centaines de milliers d’emplois pèsent plus lourd dans la balance économique de notre système financier que les agriculteurs. On ne peut dès lors pas sérieusement s’attendre à un vrai soutient de la part de l’état face à la grande distribution. Par contre, nous produisons la base alimentaire, qui est le bien le plus indispensable de ce monde et donnerait à un milieu agricole uni un pouvoir plus grand que celui de l’OPEP.

4) En Suisse la majeure partie des «fermes» ont le statut «d’entreprise agricole». En quelques décennies, le travail de paysan a bien changé ! Tout comme la surface moyenne et l’investissement financier. Une entreprise agricole représente aujourd’hui un investissement financier de plusieurs millions de francs (terrains, bâtiments, machines). Quelles autres entreprises de cette dimension (dans un marché très difficile de surcroît) sont aujourd’hui gérées par une seule personne, de surcroît généralement sans formation dans des domaines comme l’économie d’entreprise ou le marketing ? Je ne jette ici pas la pierre aux agriculteurs. Mais comment assumer une telle tâche sans formation adéquate ? Ne faudrait-il pas se pencher sur ce problème au lieu de continuer la fuite en avant en voulant investir plus, pour produire plus, sur plus de surface. Ce manque de maîtrise et de compréhension du marché ne peut mener qu’au surmenage et au burnout , à la démotivation (et trop fréquemment au suicide – qui est un vrai problème dans le monde agricole)...alors qu’au début on s’est lancé dans un métier-passion!

Bref, on pourrait continuer ou mieux développer certains points, mais j’en arrive irrémédiablement au constat que NOUS N'AVONS PAS BESOIN D'UNE REVOLTE, NOUS AVONS BESOIN D'UNE REVOLUTION. A moins d’une situation de crise ou de guerre (très peu souhaitable), s’attendre à ce que celle-ci vienne d’en haut est illusoire (point 3 ci-dessus). C’est à ceux qui cultivent le "blé" d’apprendre à en fixer le taux de change.

Évidemment établir le constat est une chose, trouver des solutions en est une autre. Le monde agricole devrait prendre du temps (difficile vu la charge de travail, j’en conviens) pour étudier sa situation, s’unifier (difficile aussi : l’agriculteur est un individualiste), comprendre et analyser le marché et établir une stratégie pour s’en réapproprier une part croissante. (ils s’apercevront alors que les mesures en faveur de environnement sont un des arguments marketing favoris de nos industries et qu’à ce propos, l’agriculture Suisse dispose de quelques atouts, il s’apercevront aussi que ce n’est pas nécessairement le produit le moins cher qui est le plus prisé mais celui qui s’est forgé la meilleure image… et si la situation actuelle prouve une chose , c’est bien que l’agriculture Suisse peut compter sur la sympathie de ses consommateurs. C’est d’autant plus dommage que la vague actuelle ne sera pas exploitée à son plein potentiel.

Pour la petite histoire :
Samedi dernier nous avons pu assister au Montélaz à un des «feux de la révolte» . Nous y avons rencontré à peu près tous les acteurs de la vente directe des villages alentours qui ont organisé grillades, raclettes, desserts et apéro dans une ambiance plus conviviale que réactionnaire. La soirée ne semblait pas animée par le vent de la révolte, mais des discussions plutôt constructives. De telles rencontres devraient être plus fréquentes. (attention, je ne nie pas qu'il y a un sérieux problème).

Alors que leurs domaines respectifs sont souvent statistiquement trop petits pour être viables, ces exploitations engagent plus de salariés que les autres. Sans devenir riches pour autant, grâce à la vente directe, les bénéfices par ha sont largement augmentés. Leur point commun est de faire preuve d’esprit d’entreprise, d’être des acteurs du marché au lieu de se contenter de le subir (à une échelle modeste, certes, mais c’est le principe qui compte) . Ils entretiennent une relation avec leurs clients, ce qui amène aussi une reconnaissance primordiale qui génère de la motivation et parfois de nouvelles idées. Ces exploitations trouvent des repreneurs parmi leurs enfants et sont parfois source de vocations parmi les non agriculteurs , les «néoruraux» (mais cela est un autre débat…)

Il est l’heure de mettre en sourdine les réflexions sur des problèmes si simples à résoudre en théorie et si complexes dans la pratique. Marc-Aurèle aurait dit : «Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. « .. donc demain, on livre un panier de légumes, et la semaine prochaine on tentera de s’organiser en réseau de plusieurs prestataires pour pouvoir livrer des produits d’autres producteurs en même temps que des légumes (un mail séparé vous parviendra donc prochainement à ce sujet pour une phase test...)